8 janv. 2011

Le Liban sous la neige


Les 24 dernières heures avant de reprendre la route m'ont trouvé dans une sorte d'angoisse. Après cette longue pause à Beyrouth, je me demandais si j'étais capable de me relancer dans le vagabondage incertain où, franchement, le confort est le dernier paramètre de ma vie quotidienne.
Il ne fallut pas plus de 1h pour que je réalise que j'étais à nouveau à ma place, un large sourire aux lèvres, le vent frais dans les cheveux, propres mais toujours longs, et les montagnes libanaises enneigées devant moi telles un appel irrésistible.
Il faut dire en plus que la première semaine fut un bon test de mise à niveau. Nous dormons le premier jour non loin de Deir El Qamar, à 600 m et avec un gros vent qui souffle déjà. Le lendemain, nous passons la journée à visiter les caravansérails (les khan) de Deir El Qamar car l'un des gros propriétaires de la ville, Monsieur Baz, nous invite à dormir dans l'un de ses palais en cours de rénovation, après nous avoir invité à manger. On est comme des rois !
Le troisième jour commence sous une pluie froide... et celle-ci n'a pas cessé jusqu'à aujourd'hui. Après avoir visité le palais de Beit Ed Dine nous entamons la montée vers Maaser el Chouf. Il fait froid, je suis malade et trempé, et j'avance à une moyenne de 7 km/h. Le dodo sous la tente dans une espèce de grande flaque d'eau et le réveil où il faut renfiler les affaires trempées sont une épreuve déjà plutôt éprouvante, mais nous sommes loin de nous imaginer la nuit qui arrive.
Entre Maaser el Chouf et le col qui permet de rejoindre la Bekaa, une route splendide escalade les 1 000 derniers mètres mais nous sommes plongés dans le brouillard humide et glacial. Toute la difficulté est de pédaler juste assez vite pour avoir chaud mais ne pas transpirer sinon c'est l'arrêt de mort immédiat. Il nous faudra donc 2 petites heures à 5 km/h pour atteindre le col enneigé.
Évidemment, il suffit qu'un endroit ait de la neige pour que l'on oublie qu'il fait froid ; il y a 80 km/h de vent constant et un orage pétaradant commence. On plante la tente !

Et ben je peux vous dire que la nuit fut sport : la tente pliait sous la neige humide et lourde qui la recouvrait, plaquée par le vent. J'avais même presque l'impression d'être en plein jour avec les éclairs éclatant tout près. Nous espérions cependant avoir beau temps le lendemain pour profiter de la vue, et de la descente dans la Bekaa. Et bien, chers amis, la connerie paye car le pari fut gagné. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a fait beau mais, au moins, quelques éclaircies nous permirent de visiter (en passant par-dessus la barrière) la réserve nationale des cèdres du Liban qui est splendide et de nous balader autour des antennes télé perchées aux sommets proches du col. Évidemment, on décide de remettre ça et d'y passer une deuxième nuit... qui fut plus calme, mais plus froide.

Le lendemain, la descente vers la Bekaa fut un grand moment. Cette plaine d'à peine 10 km de large et qui remonte tout le Liban coincée entre deux chaînes de montagnes la séparant de la mer à l'Ouest et de la Syrie à l'Est est le grenier du Liban. Les sommets enneigés la dominant rajoutent encore à la féerie du lieu.

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