2 mars 2010

Petit tour d’horizons

Vivre l’itinérance, c’est bouleverser son mode de vie habituel et ainsi changer de perspectives. Notre horizon se réduit, devient mouvant et imprévisible. On n’aborde plus les choses du même angle de vue.

Petit tour d’horizons.

Prenons deux extrêmes; John, sédentaire depuis toujours, attaché à sa terre dans laquelle il se voit continuer à vivre et grandir, la tête pleine de projets et le cœur bien attaché; Bob, itinérant depuis toujours, n’a pas de chez soi, vie au jour le jour, se nourrit de ce que lui offre le moment présent sans penser aux moments futurs. Sans objectifs ni attaches, il a la tête libre de voyager où elle veut et le cœur riche de toutes ses rencontres et découvertes.
Deux horizons différents pour deux manières de voir et donc d’avancer.

John et Bob ont tout les deux l’impression d’avancer sans contraintes vers leur vérité, de tracer leur route comme ils l’entendent, de s’épanouir.
D’un coté, John se nourrit de la connaissance toujours plus profonde de sa terre pour creuser son trou, construire son chez soi. Ses attaches sont de plus en plus forte et il est heureux de les voir grandir et s’épanouir avec lui. Il peut se projeter au loin et concrétiser ses rêves les plus fous. Maintenant attaché, il se sent libre de pouvoir entreprendre tout ce dont il a envie.
De l’autre coté, Bob n’a pas d’attache. Il apprécie de pouvoir vivre autant d’expériences, de rencontrer autant de gens différents, de découvrir des terres chacune plus belles que les autres. Il se nourrit de la diversité du monde, de l’imprévu et de la simplicité. Il a l’impression de vivre 1000 vies en une. C’est en vivant simplement et sans attache qu’il se sent le plus libre. Libre de découvrir et de s’enrichir de tout ce qu’il rencontrera sur son chemin.
Pour l’un, c’est un horizon dégagé, stable et bien tracé qui le rend libre et heureux. Pour l’autre, c’est un horizon flou, instable et en pointillé.

Que se passe t-il maintenant si John et Bob se rencontrent pour parler de la meilleure façon d’être libre et heureux?
John dira de Bob que s’il est libre et heureux, il ne l’est que par cycle de 24h, que ses découvertes et rencontres sont aussi nombreuses qu’éphémères et superficielles. Sa vie monotone, mouvante et trop simple l' empêche d’inscrire sa liberté et son bonheur dans le temps, de les cultiver et les faire grandir. Comment peut il rêver et se projeter si son mode de vie l’empêche de vivre ses rêves? John ne peut pas comprendre que Bob n’a pas les mêmes rêves que lui.
Bob dira de John qu’un homme attaché n’est pas un homme libre, qu’en regardant au loin on oublie de regarder autour de soi, que les vérités d’aujourd’hui sont rarement celles de demain, qu’à trop rêver il ne sera qu’un éternel insatisfait, que faire son trou c’est faire l’autruche. Bob ne peut pas comprendre que John n’a pas les mêmes attaches que lui.
Quand l’un tire les richesses de la profondeur des choses, l’autre les retire de leur diversité.

Que se passe t-il maintenant si John devient Bob, et si Bob devient John?
Ils changeraient de vision. L’un passera d’une vision horizontale (voir le moment présent et apprécier la diversité qui l’entoure) à une vision verticale (voir au loin et se projeter) et inversement. Ils découvriront un nouvel horizon. Toute la difficulté du jeu est de réussir à apprivoiser ce nouvel horizon, à trouver la bonne paire de lunettes pour ne pas le voir comme contraignant mais comme enrichissant. Il est bon qu’un sédentaire s’itinérantise un peu et qu’un itinérant se sédentarise un peu.


Aujourd’hui, je suis John devenu Bob et j’apprends à voir les choses autrement en essayant de n’en garder que le meilleur.
Mon nouveau nom: John-Bob.
Enchanté.

Pylou

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