6 avr. 2010

Cerro Vallecitos - 5438m en slip

A Santiago, nous avons longtemps hésité entre remonter côté chilien via le fameux désert d'Atacama et repasser par Mendoza.
La possibilité de faire un 6800m assez facilement, le volcan Tunpungato, nous motive définitivement à retourner sur Mendoza.

Après une après-midi de coups de téléphone, office du tourisme ou club andin, nous nous orientons finalement vers le Cordon del Plata. Massif beaucoup plus accessible et dont le sommet culmine à 5935m. Il y a deux jours, nous étions à Valparaiso et ne pensions pas du tout nous lancer dans ce type d'aventure. Nous retrouver aussi vite embarqués dans cette expédition que l'on n'osait à peine imaginer décuple notre excitation. Nous allons enfin nous confronter au monde de la haute altitude et découvrir ce qu'est une ascension au long court. Réaliser ce type de sommet, c'est en effet changer complètement de perspectives. Pendant plusieurs jours, on monte petit à petit, de campement en campement, vers un seul et unique objectif. Il s'agit d'un effort de longue haleine où tout a son importance: le physique bien sûr mais aussi l'acclimatation, les stocks d'eau et de nourriture, l'équipement, … Rien à voir avec nos manières habituelles d'aborder la montagne.



Réaliser ce type d'expédition, c'est aussi modestement se plonger dans les pas de tous les grands alpinistes qui nous ont fait rêver, de Edmond Hilary à Joe Simpson ou JC Lafaille. Depuis tout petit, notre imaginaire est bercé par toutes ces grandes expéditions. Nous confronter à la haute altitude nous en rapproche un peu.

Le lendemain, nous partons donc un peu à l'inconnu vers notre première expédition en haute altitude – grosses courses, location de matos, bus stop, 1h de marche et nous voilà au premier campement, à 3200m. A cette altitude, déjà notre record sur le continent sud américain, il y a encore pas mal de verdure et plusieurs sources d'eau fraiche. Le lendemain, nous changeons complètement de décor pour entrer dans le monde de la haute altitude, un monde à part.

Manque d'air, changement de pression, grand froid la nuit et soleil qui tape fort le jour sans un mm d'ombre disponible, ou pleine lune, l'invitée surprise, sont autant de paramètres à gérer, ou plutôt à encaisser. Dans tout ça, difficile de trouver une logique ou une stratégie pour gérer au mieux l'acclimatation. Nous dormons mal, avons chaud, froid, faim, pas faim, mal à la tête, sommes essoufflés pour un rien. Hugo nous offre même un petit vomito pour bénir le camp de base, à 4300m. Propre.



En fait, avec l'altitude, il n'y a aucune règles à respecter si ce n'est celle de la patience. L'acclimatation doit se faire très progressivement et en dents de scie (monter en altitude puis redescendre au camp de base sur la journée) et prend donc du temps.

Durant ces 4 jours, nous aurons appris l'intérêt d'une bonne acclimatation. Après 3 mois passés à moins de 500m, nous serons passés en 4 jours de 0m (Valparaiso) à 5500m, ridiculisant ainsi les règles basiques d'une acclimatation progressive. Nous ne passerons en effet que 36h au camp de base à 4300m avant de s'élancer vers le sommet du Vallecitos.
36h qui nous ont paru être une éternité. Savoir lutter contre l'ennui nous apparaît maintenant comme une des grandes qualités des hymalayistes qui passent souvent près de 5 semaines entre 4000 et 6000 avant de se lancer au delà de 8000m.



Pas complètement acclimatés mais pas encore complètement fous, nous décidons donc de tenter l'ascension du Vallecitos et non du Plata. Il fait 500m de moins (5438m), ce qui représente au minimum un pallier d'acclimatation de moins, et est beaucoup plus joli. Le Plata n'est qu'un gros tas de cailloux tandis que le Vallecitos possède une belle paroi verticale de 1000m. Durant tout l'ascension, nous longerons cette superbe face et ses glaciers en contrebas avant d'en faire le tour pour rejoindre l'arrête sommitale.




La montée se fait sur un bon rythme jusqu'à 5100m. En 2h30, les passages les plus raides sont avalés et nous arrivons au pied de cette fameuse arrête qui nous fait rêver depuis le début. Nous mettrons près d'1h30 à remonter les 300 derniers mètres. Nous commençons à bien ressentir l'altitude, à être essoufflés à chaque pas et avoir la tête bien enflée. Et heureusement parce que nous sommes venus pour ça! Nous aurions été un peu déçus si nous avions pu arriver la haut en marcel, petites baskets et footing. On en chie et ça fait du bien. Avec l'altitude, nous ressentons une vraie tension dans l'effort. Chaque pas et chaque pensée est dirigée vers le sommet que nous apercevons à l'horizon (bon j'en rajoute un peu mais c'est vraiment ça). Avec le recul, on peut dire que l'on ressent une sorte de plénitude et de bien être intense. Je crois maintenant qu'il existe vraiment une ivresse des sommets de haute altitude et l'envie d'y retourner est encore plus forte.




Quand à la joie d'arriver au sommet, elle est décuplée. Nous aurons mis 4h30 pour monter la haut. Le sommet est superbe. Il y a pas mal de gaz puisque sous nos pieds se termine (ou commence suivant la vision que l'on a de la montagne – de bas en haut ou de haut en bas – j'opte personnellement pour la première) la face de 1000m. Impressionnant de dominer tout ça.

La descente va vite. Très vite. Nous commençons à ressentir la fatigue, la chaleur et l'altitude. On a l'impression que le cerveau est dans une cocotte minute, le front tout chaud nous annonce un début d'insolation et les jambes un peu lourdes nous rappellent qu'on a bien tracé la montée. Nous aurons fait l'aller retour en 6h30, avec très peu de pauses. Plutôt un bon rythme. Durant ces 6h30 de marche, il n'y aura pas eu une minute d'ombre. Toute l'ascension s'est faite sous un soleil de plomb et dans un véritable champ de pierres. Ces montagnes ne sont ici que d'immenses tas de cailloux. Il n'y a pas une trace de verdure et très très peu d'eau. Les versants sont souvent des immenses pierriers très raides. C'est joli et ça a son charme mais s'est très vite monotone et déprimant.

Heureux de ne pas avoir fait le Cerro Plata, qui n'est qu'un tas de cailloux plus haut que les autres et d'avoir privilégié le Vallecito aux parois un peu plus alpines.



Après 3h de sieste imposée au camp à 4300m, nous décidons de redescendre directement à 3200m pour accélérer la décompression et faire passer le mal de tête plus vite. Cela permettra aussi de dormir dans la verdure et de faire une petite grâce matinée bien méritée.
Le lendemain retour sportif à Mendoza: 3h de marche, stop, 1h de marche, stop (avec la même personne qui repassait par là. Fun) puis bus. L'acclimatation à la ville a presque été plus dure. Après s'être faits refouler de l'hôtel pour cause de Semana Santa, nous mettrons plus d'1h à en retrouver un pas trop cher en se disant que c'était tout de même bien mieux la haut....

Pilou

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut les loulous...

je viens de lire vos recits.. tres sympa tout ca...
je vous envie deja.. pour moi ca se termine dans 2 jours..

bises et a bientot en yaute !!

Nico