5 mars 2010

Vivre son engagement ecologique - part 1 - Mars 2010

Comment vivre son engagement écologique? C`est à dire comment passer de la simple conviction écologique - avoir conscience des problèmes environnementaux et de leurs causes; accorder une place importante à la nature et la respecter - à la prise en compte de cette conviction dans ses actes?

Cette question est pour moi fondamentale. En effet, si mes aspirations écologiques et sociales sont chaque jour plus forte, il m'est encore très dur de clarifier mes positions et de m'engager clairement tant les problèmes sont complexes, les causes profondes et les solutions multiples. Comment s'y retrouver dans tout ce brouhaha infernal qui au final nous paralyse?

Petite tentative de simplification pour un engagement individuel.

Ce voyage est l'occasion de faire le point, de fixer ses limites, de clarifier sa vision du développement durable et de poser les bases de ses engagements futurs.

Dans un premier temps, il faut reconnaitre la complexite du problème. Car quand on touche à l'écologie, au developpement durable, à la croissance soutenable ou à la décroissance, peu importe pour l'instant de quel côté on se place, on touche pour moi à un problème beaucoup plus vaste que le simple réchauffement climatique rabaché sans cesse par les médias. On touche à la relation qu'il y a entre l'homme et la nature. Est-ce une relation de supériorité? par son intelligence, l'homme peut exercer son pouvoir sur la nature qu'il domine. Est-ce une relation de respect mutuel? L'homme reconnait la nature comme source de son intelligence et de ce fait la respecte, la protège pour permettre un developpement mutuel. Est-ce une relation d'infériorite? l'homme n'est qu'un animal comme les autres et doit se soumettre aux lois de la nature.

Aujourd'hui, c'est clairement le premiere relation qui domine et qui a conduit l'homme à exploiter massivement la nature dans le seul but de satisfaire ses desirs exponentiels de domination et de toujours plus. Etre heureux, c'est pouvoir satisfaire tous ses desirs, quels qu'ils soient et quel qu'en soit le prix. La deuxieme relation dirait plutôt, être heureux, c'est être capable de s'affranchir de ses désirs.

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Lorsque l'on confronte ces 3 relations aux problèmes écolgiques actuels, que l'on ne peut plus nier, il en découle 3 positionnements pour des causes et des solutions différentes.

1.
Les probemes écologiques existent mais ne sont dus qu'à un problème d'adaptation. Autrement dit, dans quelques années, des techniques nouvelles nous permettront de continuer à vivre comme aujourd'hui.

Ex: le rechauffement climatique? S'il est prouvé, il n'y aura qu'à enfouir le carbone dans l'océan ou balancer dans l'atmosphère plein de particules d'eau ou encore installer un miroir géant dans l'espace.

le manque d'eau? Il n'y aura qu'a désaniliser l'eau des océans.
les déchets? il n' y aura qu'a les envoyer dans l'espace
le pétrole? Il n' y aura qu'a rouler à l'electricité

bref, on trouvera toujours des alternatives pour continuer notre développement et assurer notre croissance. Cette position soutient donc à terme que les reservoirs de croissance sont infinis et ne sont pas liés aux ressources naturelles. Position défendable puisqe jusqu'à aujourd'hui, les choses ont fonctionné ainsi. A long terme, on peut tout de meme en douter et penser qu'une décroissance est alors inevitable.

2.
Les problèmes écologiques existent et sont causés avant tout par les mauvais comportements des hommes qui ne prennent plus en compte l'environnement dans leurs prises de décisions. Il convient donc de changer nos comportements et manières de fonctionnement.

Ex: le rechauffement climatique? il convient de réduire nos émissions de carbone en rationalisant nos transport, en consommant moins et mieux, ...

le manque d'eau? il convient d'utiliser rationnellement l'eau et de partager équitablement les ressources
les déchets? il convient de diminuer leur production, les recycler...

Cette position ne va pas nécessairement à l'encontre des solutions techniques de la premiere. Elle les complète en affirmant qu'il faut aller plus en profondeur et remettre en cause nos comportements.

3.
les problemes écologiques ne sont qu'un juste retour des choses. La nature reprend ses droits et, à terme, l'extinction de l'espèce humaine est quasi inévitable.


Les premiers voient les problèmes écologiques comme un défi supplémentaire posé à la toute puissance scientifique de l'homme, les seconds, comme une opportunité de réintegrer la nature dans nos choix pour vivre de manière plus équilibrée, les troisièmes les voient comme une vengeance bien méritée de la nature sur l'homme.

A partir de ces 3 visions simplifiées de l'environnement, on peut déja avoir un positionnement. Personnellement, je suis pour la 2. Les problèmes écologiques actuels traduisent une crise plus grave. Crise philosophique: qu'elle place la nature a dans mon existence. Platon et Descartes ont clairement répondu en fixant une relation de domination, en posant la supériorite de la raison sur la perception. Crise sociétale: nos modes de vie sont fondés sur le besoin de satisfaire toujours plus de désirs pour être heureux, quel qu'en soit le prix écologique: en sortant un peu du sujet, j'y vois aussi une crise du système capitaliste actuel, profondement inégalitaire, individualiste, égoiste, court termiste,... et qui a favorisé l'arrivée de la crise de la famille, de l'éducation, de la santé... Pour moi, s'attaquer au problème, c'est donc d'abord s'attaquer à changer nos modes de comportements, à réintroduire l'environnement dans nos choix et actes. Il ne s'agit pas d'une remise en cause profonde ou d'un rejet d'un systeme et d'un mode de pensée qui a par ailleurs permis beaucoup de progrès majeurs mais d'un besoin urgent et important de s'adapter, de changer, de rééquilibrer les choses.

Etre 1, c'est s'enfoncer dans ces crises, tourner le dos au fond du problème en continuant à croire que la science est la solution à tout. Comme disait l'autre, science sans conscience n'est que ruine de l'âme. Ou encore, impossible trouver des solutions a un probleme sans remettre en question ce qui cause ces problemes.

Etre 3, c'est voir l'homme comme un virus qui serait coupable d'avoir un cerveau et de s'en servir pour grandir. Or, l'homme a un cerveau qui lui donne une intelligence merveilleuse qu'il se doit de développer. Il doit juste le faire en prenant en compte le monde exterieur (=2) et non en le dominant (=1).

D'un point de vue individuel, et meme si je me repète, je pense que tout le monde doit intégrer dans tous ses choix et actes l'impact environnementale de ceux-ci.
Le but ici n'est pas de culpabiliser à chaque fois que l'on émet du carbone, de vivre dans un état de psychose permanent et de ne plus pouvoir rien faire. Le but est de faire ce que l'on souhaite faire en rajoutant un critère de choix que l'on avait jusque là laissé de côté.

A partir de la (retenir le 2), je vois 3 positionnements, ou 3 limites que l'on peut se poser.

Prenons l'exemple d'aller en w-e au ski en voiture, à la bergerie de Gus.

A- Je veux bien diminuer mon impact uniquement si cela ne diminue pas la qualité du transport (coût, confort, temps)
--> solution technique
ex: voiture electrique

B- Je veux bien diminuer mon impact mme si cela change la qualité/nature de mon transport (plus long, à plusieurs...)
--> solution comportementale et technique
ex: bus, covoiturage, autopartage, vélo

C- Je veux bien diminuer mon impact en allant jusqu'à remettre en cause ma volonté d'aller à la bergerie.
--> solution comportementale
ex: station plus proche, autres activités


Ces 3 critères reprennent un peu la même hiérarchie que les 3 positionnements évoqués plus haut. Cette grille peut s'appliquer presque à tout. Enfin je pense, j'ai pas vérifié.

Je pense que tout le monde devrait avoir cette grille en tête et se poser la question de l'impact de ses actions et du moyen de les réduire. Il ne s'agit encore une fois pas de s'empêcher de vivre mais de vivre plus en harmonie avec l'environnement, de le prendre en compte et de le respecter.

Chacun doit trouver son équilibre dans ces 3 réponses en fonction de ce qu'il peut ou veut faire. L'essentiel étant déjà de se poser la question.

Personnellement, je juge la A insuffisante, même si je ne l'applique pas encore tout le temps. Elle doit être un minimum. J'aimerais, à l'avenir, pouvoir m'appliquer la B autant que possible et m'en donner les moyens. Je pense qu'il faut integrer la C dans nos reflexions, c'est à dire aller jusqu'à remettre en cause nos besoins et désirs. C'est comme ca que je vois mon équilibre, que je me vois vivre sereinement, sans sentiment de culpabilité, en harmonie avec mon environnement.


Une fois le problème écologique réglé au niveau individuel, et je pense que nous devons tous commencer par là dans un premier temps, nous pouvons l'aborder d'un point de vue collectif ou sociétal. Car si il est bien beau de se poser des questions, il faut aussi créer, développer et proposer de nouvelles réponses. Se pose ici la question d'un engagement écologique dans la societé.

L'Etat, les collectivités, les associations, les entreprises jouent un rôle essentiel. Seul, nous n'arriverons à rien.

Voila où ma reflexion en est aujourd'hui. Au niveau individuel, je pense avoir trouvé mon equilibre. Au niveu societal, je suis encore perdu. La volonté de s'engager est forte mais encore floue et noyée dans un océan de problèmes, de solutions ou d'organisations différents voire parfois opposés.

Comment vivre son engagement? Travailler dans l'environnement (en conseil, en entreprises, en collectivités...) ? S'engager bénévolement dans une ONG? S'engager contre rémuneration dans une ONG (ex: service civique), se concentrer d'abord sur son engagement individuel et mûrir ses réflexions? ...

Quel positionnement adopter face aux nombreux problèmes? Décroissance, écologie profonde, développement durable, ...

Quelle priorité donner à tous ces problèmes? le réchauffement climatique passe-t-il avant toute autre chose ou n'est il qu'un problème parmi d'autres comme la biodiversité, l'eau, les déplacements de populations, les déchets, la surconsommation, l'alimentation, l'énergie propre...

Le prochain article s'interessera donc à l'engagement collectif ou sociétal et tentera de faire le point sur tout ça. Ca va pas être facile, mais on va essayer!


Pilou

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