31 janv. 2011

Lawrence d'Arabie, c'est un p'tit joueur

Au départ de Damas, je prends machinalement les bonnes petites ruelles qui me permettent de m'échapper du centre historique et retrouver une des grosses artères nord de la ville. Finalement, je commence vraiment à connaître le coin et c'est sans soucis que je me retrouve, après une bonne heure, sur la grande route d'Alep. Ca monte légèrement mais je transforme mon appréhension en gros coups de pédales et j'arrive vite vers Adhra, la bifurcation du désert. Désormais, deux directions sont indiquées, Bagdad et Tadmore (Palmyre). Le ciel gris et la zone industrielle ne me mettent pas en joie à tel point que je décide de ne pas prendre d'eau. Y'en aura bien sur le chemin, et j'ai pas envie de me trimbaler 10 kilo de flotte... un petit stop dans un bouiboui pour prendre du riz, des "Vache qui rit" et des barres de chocolat qui suffiront. La zone industrielle disparaît, le temps s'améliore et me voilà face à 200 bornes de désert avant Palmyre. C'est plutôt descendant et j'ai le vent dans le dos.


Ainsi, ce début de traversée qui n'est pas très joli, va de mieux en mieux. Puis surprise : mon compteur affiche 91 km quand je croise une collègue à pédale qui, elle, a le vent de face. Michelle est Australienne et elle est sur la route depuis 5 ans, toute seule, mais elle a un pingouin en peluche accroché à son guidon. On taille le bout de gras pendant 20 minutes avant de reprendre la chasse de nos horizons respectifs. Posage de tente dans le sable à 500 mètres de la route et c'est parti pour une longue nuit de 16h.
Le lendemain, je ne tarde pas à arriver à la bifurcation entre Bagdad et Palmyre. Je prends évidemment vers le Nord mais m'arrête demander de l'eau à des bédouins qui m'invitent à prendre le petit déjeuner après que je les ai laissé faire joujou avec ma bicyclette. Ca fait du bien car ce que je cuisine seul sous ma tente n'est pas franchement du trois étoiles. Puis finalement, j'ai bien fait de pas prendre d'eau, y'a des bédouins partout. A partir de là, la route est franchement magnifique et je passe autant de temps à faire mumuse avec mon appareil photo et ma caméra qu'à avancer. Encore un peu plus loin, à un beau col entre deux massifs montagneux de type désert, je croise le Bagdad Café, stop pour camionneurs et touristes à mi-chemin entre Damas et Tadmore. Le patron qui parle très bien français décide que pour moi le repas sera gratuit et me montre des photos d'il y a deux ans, quand le désert fut recouvert de neige... impressionnant !

Une nouvelle nuit dans le désert sans embûches avec un réveil face à de splendides montagnes enflammées par les premiers rayons de soleil. Je pousse 50 km de plus pour arriver aux portes de Tadmore où, re-surprise, je croise Mike, un cyclotouriste british. Celui-ci est seul depuis 6 mois, et ça se voit. Il a l'air d'avoir un sacré grain (ou c'est tout simplement ses gènes Rosbif) et se lance dans un monologue de 20 minutes, entrecoupé d'hurlements et de grimaces. J'apprécie.
A ce moment-là je remarque que les deux compères que j'ai croisés ont décidé de ne pas entreprendre d'aller plus loin vers le nord-est après Palmyre pour cause de froid et de désert vraiment grand. Tant mieux, je serai tranquille. Puis, je retrouve le touriste-land de Palmyre avec ses Américains, ses commerçants qui t'appellent "my friend" dans la rue et ses Shawarma à 100 S£ (vous vous rendez compte !!!). Je check rapidement mes mails pour une somme exorbitante, remplis ma sacoche de bouffe et je reprends la route. Là commencent les choses sérieuses... mais au prochain épisode.



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