16 janv. 2011

Le silence du désert


Le monastère de Deir Mar Musa est une sorte de petite forteresse autour d'une chapelle, perchée sur un piton rocheux dont les alentours ont progressivement été aménagés en suivant l'évolution des besoins de la communauté. Cette chapelle, presque aussi vieille que la chrétienté, fut redécouverte par le père Paolo dans les années 80 au milieu du semi-désert syrien, à une centaine de bornes au Nord-Est de Damas. Depuis les années 90, ce charismatique italien de 56 ans a entrepris de progressivement rebâtir une société monastique dans ce lieu emblématique, avec pour esprit de fond de créer une passerelle entre les Chrétiens et le monde arabo-musulman du Moyen-Orient.

Ainsi, les dernières années ont vu s'élever de nouveaux bâtiments sur les rochers voisins, en plus de la restauration du monastère central, qui servent tous à l’accueil, en dortoir ou en petites chambres incrustées dans la roche, des visiteurs. Car une des ambitions de la communauté est d’accueillir et de nourrir dans une sympathique bonne humeur tous les visiteurs, quelles que soient leurs vues religieuses. Bien sûr, libre à chacun de rester le temps qu'il veut et de participer au bon fonctionnement de la vie ensemble.
Je suis donc arrivé là avec l'idée en tête que cela serait un bon endroit pour attendre mon visa iranien. Mais en fait je me suis rapidement laissé envoûté par la magie du lieu et les personnalités incroyables que l'on y rencontre.
Chacun construit son petit quotidien à base de tâches variées. Le rythme est donné par les trois repas, la méditation du matin et celle du soir suivie de la messe. Evidemment, après un premier essai, je n'ai plus que suivi les repas et passais les moments "religieux" au chaud dans la bibliothèque.
Mon coup de coeur de ces 10 petits jours va certainement à Edward et Anya. Ce couple Russo-écossais voyage lui aussi à vélo et m'a tout de suite beaucoup plu. En plus de partager avec eux une certaine philosophie de vie et de voyage, j'ai énormément apprécié tout les moments que nous avons passés ensemble à médire des religions, rire aux éclats, comploter des coups d'état marxistes au sein du monastère et partager les denrées rares que nous réussissions à nous procurer tel le chocolat, le café ou le thon. Après 1 mois passé à Mar Musa, ils comptent eux aussi reprendre la route vers le Nord et j’espère vivement les recroiser un jour.


Le grand enseignement que je retire de cette expérience fut tout d'abord une amélioration de mon respect pour les religions. La vie et le message des prêtres qui vivent ici me paraît tout à fait sain, œcuménique et tolérant. Sans discuter des détails de leur foi, j'ai néanmoins été ému par leurs personnalités et leur mode de vie. Sur un plan qui m'est plus proche, je reconnais à nouveau mon goût pour la vie en communauté et je me suis alimenté de cette nouvelle preuve que, même sans autorité ni lois, les gens sont capables de vivre ensemble, s'organiser et s'entraider sans attendre en retour. C'est tout de même une sorte de repos d'oublier la notion d'argent et de temps pendant un moment et cela me laisse aussi réfléchir à la suite de mon voyage... toujours aussi incertaine.


Enfin, je prends la route de Damas à la recherche de mon passeport iranien et j'en profite même pour m'arrêter sur le chemin chez Bashar, un Syrien qui nous avait hébergés à l'aller chez lui à Alqtafieh et que nous avions énormément apprécié. Après une rentrée dans la grosse ville toujours aussi pénible et quelques heures à sillonner la vieille ville, nous trouvons un hébergement dans une collocation avec deux étudiants français assez déjantés à deux pas de la grande mosquée des Omeyyades. C'est parti pour quelques jours dans ma ville préférée du Moyen-Orient... que je commence à connaître comme ma poche !

1 commentaire:

Unknown a dit…

C'est pas Alep ta ville préférée du moyen orient??
Lawyered!