31 mars 2010

Toponymie: la 4eme dimension


Ces 2 premiers mois auront été pour moi l'occasion de m'éveiller à une nouvelle discipline: la toponymie.

A part son nom, j'ignore tout de la toponymie. Au début j'ignorais même qu'elle avait un nom. Je me surprenais juste à découvrir sur une carte un bout de l'histoire d'une région. Et pour celà, la Patagonie est un terrain de jeux, ou d'études pour les plus acharnés, parfait. Lire une carte de la Patagonie, c'est revivre les épopées de grands aventuriers des siècles derniers tels Magellan, Fitz Roy, Perito Moreno ou même Saint Exupéry, Mermoz et Guillaumet qui ont leurs aiguilles dans le massif du FitzRoy (encore lui). C'est se mettre à la place des grand marins partis à la découverte des côtes patagones avec les islas desolacion, bahia desolada, seno ultima esperanza ou bahia de la salvacion, pas besoin de traduction pour comprendre. C'est aussi plonger dans la conquête des plus grands sommets et leurs tragédies avec l'aiguille Egger, mort en gravissant pour la première fois le Cerro Torre. C'est encore comprendre un bout de l'histoire patagone, les côtes ayant des noms Allemands, Hollandais, Anglais ou Francais, tel le Cap Horn, du fait de la nationalité des expéditions maritimes qui tentaient de la contourner tandis que l'intérieur des terres a des noms plus hispaniques du fait de la colonisation plus tardive des terres par les argentins et les chiliens.


De gauche à droite, les aiguilles St Exupery, Poincenot, Fitz Roy, Mermoz et Guillaumet

Bref, lire une carte de la Patagonie, ce n'est pas simplement s'évader dans l'espace mais aussi dans le temps. Avec la toponymie, la lecture de carte ne devient plus seulement horizontale mais aussi verticale.
Tout l'intérêt du jeu est alors de comparer plusieurs cartes d'une même région à différentes époques. Une carte et sa toponymie reflète en effet la vision, les vérités ou les croyances d'une région à un moment donné. Comparer les différentes cartes de l'Argentine au fil du temps, c'est comprendre l'histoire de la colonisation et de la conquête d'un nouveau territoire soit disant vierge. Le fameux FitzRoy, avant qu'il ne soit baptisé FitzRoy par Perito Moreno, s'appelait en fait El Chalten, la montagne qui fume en Mapuche.

Moi qui ai toujours aimé la lecture de carte, me plonger dedans et me mettre à rêver des plus beaux itinéraires, qu'ils soit réalisables ou complètement utopiques, me voilà maintenant servi d'une nouvelle source d'évasion, d'une 4ème dimension.

Et il n'y a pas d'age pour s'y mettre...

Je n'ai malheureusement pas eu le loisir de vraiment m'y intéresser plus profondément que ca, toujours rattrapé par les contraintes de l'itinérance. Je n'ai pas vraiment le temps de me poser et de rêver les yeux ouverts sur des cartes anciennes que j'aurais découvertes au fin fond d'une librairie poussiéreuse de El Chalten, village d'à peine 20 ans qui a repris le nom mapuche du FitzRoy. Comme quoi, l'histoire continue aujourd'hui de s'écrire sur nos cartes...



Pilou

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