16 avr. 2010

Développement durable et dentifrice (04 Avril 2010)

A l'origine, une simple réflexion personnelle, basique et un peu bête: si je ne suis pas capable de me laver les dents deux fois par jour, suis-je capable d'appliquer des principes plus compliqués de développement durable dans mon quotidien ?
En effet, on peut considérer que se laver les dents 1 fois par jour, (ou deux si on fait un peu de zèle) et un des actes de développement durable des plus évidents et des plus faciles à faire. Et pour cause, il s'agit du développement durable de mes dents, et a priori je tiens à avoir toutes mes dents à 50 ans. Et j'ai à ma disposition tous les moyens nécessaire pour sauvegarder mon capital dents tout au long de ma vie: brosse a dents, dentifrice, fil dentaire, robot dentaire...

Pourquoi alors (même si c'est de moins en moins le cas) je m'obstine à ne pas me laver les dents tous les jours? Et pourquoi je ne suis certainement pas tout seul?
1. Si l'on se place d'un point de vue individuel, voir philosophique, on peut penser que c'est parce que l'homme est incapable de se projeter dans l'avenir et de prendre en compte aujourd'hui les conséquences que ses actes (ou non-actes) auront demain.
2. Si l'on se place d'un point de vue sociétal, on peut voir deux autres raisons. Je ne me lave pas les dents parce que je n'en ai pas les moyens ou parce que l'état ne m'en donne pas les moyens.
3. Ou, à l'inverse, je ne me lave pas les dents parce que que je sais que si j'ai des problèmes plus tard, je pourrai aller chez le dentiste pour réparer tout ça.
Dans la situation 1., c'est la nature humaine qu'il faudrait changer.
Dans la situation 2., c'est l'état et le pays qu'il faudrait développer.
Dans la situation 3., c'est la société trop consumériste et techno-dépendante qu'il faudrait faire évoluer.

L'intérêt de cette réflexion est d'essayer de transférer cette logique de développement durable de mon capital santé au développement durable du capital nature/environnement.

Si je suis incapable d'avoir une logique durable pour mon capital santé, a priori le capital auquel je tiens le plus, je ne peux encore moins l'avoir pour le capital environnement, qui ne me concerne pas directement mais concerne plutôt les générations futures. L'exemple du lavage de dents peut être aussi celui du tabac, de la mal-bouffe ou autres.

Le but de ce questionnement n'est pas de finir complètement désespéré ou d'être pessimiste voir fataliste. Voyons donc quelles seraient les solutions pour que l'homme prenne en compte à long terme les conséquences environnementales de ces actes. On remplace ici les dents par l'environnement et caries, perte de dents ou dents jaunes par réchauffement climatique, disparition de la biodiversité ou pollution des eaux et des sols.

Les 3 causes sont les mêmes:
1. L'homme est incapable de se projeter dans l'avenir et de prendre en compte aujourd'hui les conséquences que ses actes (ou non-actes) auront demain.
C'est pour cela qu'il continue comme si de rien n'était à remplir sa piscine et arroser sa pelouse en période de sécheresse, utilise des pesticides ou mange de la viande rouge tous les jours.
2. L'homme n'a pas encore développé tous les moyens de diminuer son impact environnemental (des dentifrices et brosses à dents plus performants restent encore à être inventés). Les états ne font pas le nécessaire pour développer de nouvelles solutions mais aussi pour qu'elles soient accessibles à tous. 3. L'homme se réfugie dans la technoscience pour se rassurer et fuir le vrai problème. Je ne compte plus les solutions loufoques faites de miroir géants installés dans l'espace, de pulvérisation de particules d'eau dans l'atmosphère ou de captage puis enfouissement massif du CO2.

Dans ces 3 situations, je juge la plus condamnable et irresponsable la 3ème. Nous devons changer nos modes de pensée et de voir les choses pour ne pas tout voir sous l'œil de la technique, de l'intellect mais aussi sous l'œil de l'environnement, de la perception. Autrement dit, vivre de nouveau en harmonie avec la nature, dans une relation intelligente de respect et d'enrichissement mutuel. La crise environnementale est avant tout une crise de société.

La situation 1 met en cause la nature humaine. Et on peut penser qu'il est très difficile voir utopique de changer la nature humaine. Si on ne peut pas le faire pour les dents, il est impossible de le faire sérieusement pour la nature. Il faut donc la contourner pour arriver aux bonnes fins autrement.
Il convient alors aux états (et on rejoint ici la situation 2) de développer des outils alternatifs pour que nos actions prennent au final en compte l'environnement sur le long terme. Par exemple mettre en place le tri sélectif, intégrer un coût environnemental dans le prix des choses, interdire des produits trop néfastes, normer des produits ou des procédés...
Pour reprendre un exemple de Paul Arriès qui m'avait marqué: il n'est pas normal que l'on paye l'eau le même prix pour remplir sa piscine que pour laver son linge. Ou il n'est pas normal qu'un Paris-Nice en avion soit moins cher qu'un Paris-Nice en train...
Dans la mise en place de toutes ces politiques, il faut bien être le plus équitable possible. L'environnement ne doit pas devenir inégalitaire ou discriminant Tout comme il serait inadmissible de perdre ses dents parce qu'on ne peut pas s'acheter de dentifrice, il serait inacceptable que je roule avec une voiture qui pollue beaucoup parce que je suis pauvre ou que je les riches puissent s'acheter des droits à polluer sur mon dos de pauvre. Et cela est vrai aux niveaux national et international, dans un pays et entre les pays.

Voilà comment une réflexion au départ basique et sans intérêt peut être poussée à bout et devenir presque intéressante.
Et si pour vous elle n'est pas intéressante, sachez que pour moi elle est fondamentale puisque depuis je me lave les dents tous les jours!

Pilou

3 commentaires:

Unknown a dit…

La bonne vieille technique millenaire du coup de pied au cul reste toujours la plus efficace!pour tes dents comme dans toutes entreprises...

Unknown a dit…

Je souhaite apporter une précision: il faut aussi faire le lien en l'environnenement et le capital santé de chacun. Tu dis que tu souhaites preserver ton capital santé. Notre capital santé dépend beaucoup de la qualité de l'air, de l'eau, et de la nature qui entoure notre quotidien. Quand l'Homme se rendra compte que préserver la nature préviendra les maladies chroniques en croissance exponentielle, peut-etre il changera d'attitude...

Unknown a dit…

A me relire, je me trouve un peu utopiste dans mon raisonnement.. mais on en a besoin aussi