20 sept. 2010

Principe réalité


Ecrit le 06/09/2010

Le principe réalité, c’est l’idée tout aussi bête qu’évidente que, pour voir le jour, un rêve doit cesser d’être un rêve.

Et c’est l’idée sans doute moins répandue mais tout aussi essentielle que, pour exister, un projet doit d’abord être rêve.

Du rêve à sa concrétisation, les lois implacables de la réalité s’appliquent donc avec autant de férocité que de justice. Car à force de buter inéluctablement sur les obstacles et embuches de sa concrétisation, le rêve ne va pas résister longtemps. Assommé par la dure réalité, il préfère, pour exister, se laisser façonner. Devenu maintenant malléable, adaptable et rationnel, il peut enfin vivre.

La question qui surgit alors, c’est oui, mais à quel prix ?

A quoi bon rêver si c’est pour ensuite ne pouvoir en ramasser que les miettes ?

Et, question sous jacentes, les rêves ne sont-ils pas là uniquement pour nous faire rêver et oublier, l’espace d’un instant, que la réalité, elle, existe?

Pour moi, la réponse est tellement évidente que la question ne se pose presque pas : rêver est essentiel. Le rêve et la réalité sont chacun à un bout d’une même chaîne. Il me serait impossible d’avancer, même d’un mètre, sans avoir rêvé auparavant d’avancer de deux, quatre ou dix mètres. Le rêve est mon moteur.

Il me serait tout autant impossible de me diriger vers une direction qui ne me fait pas rêver. Le rêve est ma boussole.

Tout le jeu consiste alors à avancer et à s’orienter avec le moins de déperdition possible, oscillant sans cesse entre espoir et frustration. Espoir que le rêve se concrétise. Frustration quand il se heurte à la réalité. Un processus parfois violent mais toujours efficace.

Le principe réalité, c’est ce moule dans lequel on va devoir enfermer son rêve, lui donner des limites, pour qu’il se concrétise. Et c’est à force d’espoir et de frustration répétés maintes et maintes fois que petit à petit le moule se construit. Avant de fonctionner à plein régime, le moteur cale quelquefois et se rode, avant d’indiquer le Nord, la boussole oscille à gauche et à droite. Certains diront que donner des limites à un rêve, c’est le tuer. C’est refuser sa part fantastique, magique et irréelle qui fait sa beauté. Moi je dis que c’est le faire vivre. C’est refuser que la beauté du rêve ne serve que de masque ou d’échappatoire à une réalité dès lors forcement triste, morose et sans saveur.

Il me faut dès lors apprendre à gérer ce couple infernal espoir-frustration. Et là, tout est question de moule. D’un côté, le rêve – l’espoir – n’en voudrait pas. De l’autre, la réalité – la frustration – en impose un trop petit. Ne pas prendre de moule, c’est refuser la réalité, c’est être un éternel utopiste, un homme qui n’a de cesse de critiquer la société en disant qu’elle n’est pas faite pour lui mais qui n’essaye pas de la changer… bref, un baba-cool. Il faut pourtant accepter que la société nous impose de nous fixer des limites. Prendre un moule trop petit, c’est refuser de vivre, c’est être un fataliste, un homme qui accepte les choses telles qu’elles sont et quelles qu’elles soient, qui refuse le progrès. Il faut pourtant sans cesse remettre en question et déplacer les limites.

Entre les deux, il y a moi, mon rêve et mon moule. A force de rêver et parfois de concrétiser les rêves les plus fous, j’apprends à gérer au mieux ce moule, à faire cohabiter espoir et frustration pacifiquement. Hier des rêves de tour du monde, de grandes épopées sportives, de stages passionnants… tous en partie réalisés. Aujourd’hui, l’échauffement est terminé. Je rêve un avenir professionnel et personnel. Et maintenant que je suis entraîné, que je sais que ca marche, ce n’est certainement pas le moment de craquer !

Avancer, me construire, c’est donc pour moi une histoire de passion. En partant de tout là-haut, des rêves les plus fous, j’arrive petit à petit à trouver ma voie tout en bas. Le tout en gardant les pieds sur terre !

Pilou

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