27 avr. 2010

Potosi (13-18 Avril) - Part 1

Nous voilà maintenant en Bolivie. Les 3 jours de traversée dans l’altiplano désertique auront servi de transition entre l’argentine et le chili déjà très développé et quasi européanisé et la Bolivie, encore peu développée et beaucoup plus typique et préservée.

L’arrivée en Bolivie marque ainsi une nouvelle étape dans notre voyage, une étape que nous attendions avec impatience. Et nous ne sommes pas déçus!


La Bolivie est un pays beaucoup plus proche du Tibet que de ses voisins respectifs. Curieusement, nous retrouvons des standards de vie plus confortables. La Bolivie est en effet beaucoup plus adaptée à la vie de vieux routards radins que l’Argentine et le Chili. Avant, c’était camping et repas au réchaud à bois imposé, maintenant c’est petit hostel et repas dans la rue. La Bolivie vit dehors et se promener en ville redevient un vrai plaisir. Les rues sont animées, colorées et anciennes. L’architecture n’a souvent pas changé depuis le temps des colonies espagnoles. Les petits marchés vendant légumes, artisanats ou produits domestiques, les petit boui-boui et les carrioles de bouffe ambulante foisonnent. Les boliviennes sont majoritairement habillées en habits traditionnels: belle jupe bouffante, longues tresses qui tombent dans le dos, joli chapeau et boucles d’oreille… Nous tombons immédiatement sous le charme.

Après une nuit à Uyuni, nous partons pour Potosi, la ville de plus de 100.000 habitants la plus haute du monde à quelques 4100m. Les 8h de bus et 3 crevaisons sur une piste chaotique pour 250 km nous rappellent les bus tibétains. Cela nous avez presque manqué.

Potosi est une superbe ville où nous avons surtout adoré flâner dans les rues, tout simplement. Potosi est d’abord une ville minière créée au pied du Cerro Rico et de ses inépuisables réserves d’argent. C’est donc une ville aux nombreux reliefs qui épouse les formes des montagnes et vallées sur lesquelles elle s’est étendue petit à petit, à mesure que l’exploitation des mines prenait de plus en plus d’importance. C’est aussi une ville coloniale créée par les espagnols il y a plus de 500 ans et qui en garde aujourd’hui encore les traces dans son architecture.

Se promener dans Potosi est de ce fait très agréable. Les petites ruelles typique de l’époque foisonnent et les points de vue sur la ville et le Cerro Rico au loin sont nombreux. Avec nos deux compères québécois, nous avons aimé déambuler dans ses ruelles, goûter à toutes sortes de repas, visiter les nombreuses églises qui s’y trouvent ou faire le tour de la Monedad, cette immense bâtisse où était jadis frappée la monnaie avec l’argent qui sortait directement du Cerro Rico avant d’être envoyée en Espagne . Au chapitre « trucs débile », l’escalade interdite d’un des plus hauts clochers de la ville pour admirer le coucher de soleil restera dans les annales.


L’histoire de Potosi est avant tout marquée par son passé colonial. Cette ville témoigne de l’horreur de cette période pour les peuples indigènes. L’argent du Cerro Rico a en effet servi pendant près de 500 ans à financer le royaume d’Espagne et l’Europe en pleine expansion tandis que les indigènes payaient de leur vies pour n’en voir que la couleur. Des millions de morts d’un coté, de la richesse de l’autre. Charles Quint avait même en son temps déclaré Potosi ville impériale! C’est dire qu’elle importance elle avait pour l’Espagne.


Aujourd’hui, les mines sont exploitées par des syndicats privés et les mineurs y travaillent plus par tradition que pour vraiment y gagner leur vie. Potosi est une ville très pauvre qui symbolise l’histoire de la Bolivie et d’autres pays: colonisation forcée, perte de l’identité culturelle, massacres, pillage des ressources puis « décolonisation » sauvage sans aucun respect pour les terres et les peuples souillés.

Les habitants de Potosi sont encore aujourd’hui très marqués par ce passé. En Bolivie, nous nous en sommes rendus compte durant le récent forum des peuples sur le changement climatique de Cochabamba, les thèmes de décolonisation et de dette des pays développés sont très forts. Les boliviens ont l’impression de s’être fait voler leur culture et leurs ressources et de s’être fait imposer une religion ou un mode de vie qui ne leur correspond pas. Et avec le changement climatique, en vertu de quoi on leur demande de faire des efforts et de freiner leur développement - qu’ils ne peuvent commencer que maintenant - alors qu’ils n’en sont quasi pas responsables, les boliviens ont l’impression qu’on essaye de leur refaire le coup. Ce coup ci, ca ne passera pas!

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