23 oct. 2010

Premiers jours en Turquie.


Passer la frontière fut pour moi un moment assez émouvant. Tout d'abord cela voulait dire que j'arrivais désormais très près de ma première grande étape : Istanbul. Mais il s'agit aussi maintenant d'être dans un pays définitivement plus du tout "occidental". Malheureusement la pluie et le vent ne se sont pas arrêtés à la frontière et me pèsent toujours autant sur le moral... mais Istanbul et à portée de pédale et je trouve le courage facilement.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la Turquie donne une impression beaucoup moins pauvre que la Grèce ou surtout l'Albanie. Les gens m'inspirent complètement confiance et je n'ai aucune hésitation à laisser ma bicyclette devant les supermarchés sans cadenas et mes spots de camping continuent à être de plus en plus téméraires. Les premiers cent kilomètres jusqu'à Tekirdag sont une succession de collines sur une grosse route en parfait état et avec un assez grand espace sur le côté pour que cela reste très agréable pour moi de pédaler... je dépasse plein de tracteurs. Puis, entre Tekirdag et Istanbul, le long de la mer de Marmara, tout est bétonné et je n'aperçois en fait la mer que rarement, entre deux immeubles.
Je commence progressivement à me faire à la Turquie : toujours dire oui aux nombreuses personnes qui m'offrent le thé (çai) tous les jours, fini les bonnes boulangeries grecques et les croissants au Nutella, et bonjour les Corba succulentes. D'ailleurs, Knorr possède en Turquie une gamme de soupes en poudre saveurs orientales incroyable et je me régale à toutes les essayer. Encore plus que d'habitude, je croise des voitures me hurlant, le pouce levé et un large sourire dans l'encadrure de la fenêtre, "Filistiiiiiiiine!!!".


Le troisième jour après avoir passé la frontière, plus que 120 km, selon les signes, me séparent de la tant attendue Constantinoupoli et je me lève tôt, bien motivé à en découdre avec cette étape. Musique à fond, réserves de limonade et tablettes de chocolat dans les poches, j'avale les kilomètres par paquets de 35, avec un stop pour une combo Corba/Kebab. Les derniers kilomètres sont une horreur : imaginez le périph' sans limitation de vitesse, pas de place sur le côté et une circulation trois fois plus dense, avec des montées et des descentes de 10% qui s'enchaînent sans arrêt, tout ça dans un vacarme infernal. J'ai vraiment eu une des frousses de ma vie jusqu'à ce que mon compteur affiche 120km. C'est la première fois que je fais une distance aussi grande et la route était tout sauf plate et reposante. Je suis épuisé mais cependant je ne reconnais pas trop les environs. Pourtant mon dernier passage dans cette ville remonte à moins d'un an. Je demande donc ma route vers Agia Sophia car c'est là que je dois retrouver les Suisses dont je parlerai plus tard. La réponse du garagiste me fout une claque : je suis à l'entrée de la ville, et il faut longer encore la mer pendant 25 km jusqu'au centre ville historique. C'est vidé de toutes mes forces que j'arrive enfin dans mon hostel, tout près de ma mosquée bleue. Quelle émotion, Istanbul, me revoilà!

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